Bibliothèque ukrainienne S. Petlura

Dès le printemps 1927 la Bibliothèque ukrainienne commence à fonctionner. Tout d’abord dans les locaux du journal Tryzub, 19 rue des Gobelins dans le 13-ème arrondissement, mais devant l’afflux d’ouvrages et de documents en tous genres, elle devra déménager pour des locaux de plus en plus grands, au 42 rue Denfert-Rochereau dans le 14-ème puis au 11 square de port Royal dans le 13-ème et enfin elle s’installera dans un grand cinq pièces au 41 rue de la Tour d’Auvergne dans le 9-ème.

L’organisation se révélant viable, les dirigeants déclarent la Bibliothèque ukrainienne Symon PETLOURA à la Préfecture de Police de Paris, le 24 mai 1929, comme association loi 1901 (Journal Officiel du 19 juin 1929, p. 6799).

Malheureusement ce phare de la culture ukrainienne en Occident s’éteindra brutalement avec l’occupation allemande. Le 22 octobre 1940, la Bibliothèque ukrainienne S. PETLURA est saisie par la Gestapo allemande sous les ordres de Georg LEIBBRANDT (Geheime Felpolizeigruppe 540). Le tout (livres, périodiques, archives, objets du musée) est entassé dans une centaine de caisses et déménagé les 21/22 janvier 1941 en direction de Berlin.

C’est avec presque rien qu’elle recommence à fonctionner le 24 avril 1946 non plus rue de la Tour d’Auvergne mais dans le petit local de l’ancienne Mission ukrainienne (à la Conférence de la Paix) au 24 rue de la Glacière dans le 13-ème. Ivan RUDYTCHIV y reprend sa place de bibliothécaire avec tristesse et amertume car il n’avait réussi à sauver que 57 livres et quelques journaux.

Petit à petit la Bibliothèque s’est reconstituée. Actuellement logée 6 rue de Palestine dans le 19-ème, elle compte près de 36 000 livres et plus de trois cents titres de périodiques.

Depuis 1959, elle édite un Bulletin d’information annuel, dans lequel le lecteur peut prendre connaissance de ses activités et de ses acquisitions.

A mon arrivée à la direction de la Bibliothèque en 1998, mon intention était de la moderniser en l’informatisant et en adoptant la classification internationale. Malheureusement nous ne sommes que deux personnes à œuvrer dans cette institution, aussi avons-nous abandonné le rêve d’informatisation mais nous réorganisations la classification selon les critères internationaux… sur fiches. Chaque année depuis dix ans, grâce à l’aide du Symon Petlura Memorial Fund de Chicago nous pouvons faire venir des archivistes d’Ukraine pour classer nos archives et nos périodiques.

La Bibliothèque ukrainienne de Paris, qui, faut-il le rappeler, est une association française et se considère comme telle, elle joue pleinement, depuis plus de quatre-vingt-dix ans, son rôle de centre de recherche sur l’Ukraine. Et depuis 1991, elle est fréquentée par des chercheurs venus du monde entier y compris d’Ukraine.

Au fil des années, la Bibliothèque ukrainienne Symon PETLURA est redevenue ce centre culturel qu’elle avait été autrefois en organisant des colloques et conférences, en prêtant objets et documents pour des expositions.

A la fin des années 1990, c’est un chercheur de l’Université de Harvard, le Dr Patricia KENNEDY GRIMSTED, qui a retrouvé, à Moscou, une partie des archives de la Bibliothèque PETLURA de Paris spoliée par les Allemands. Malheureusement les relations russo-ukrainiennes étant celles que l’on sait aujourd’hui, nous devrons attendre encore longtemps l’heure de la restitution de ce patrimoine franco-ukrainien.